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  • : Famille en voyage...
  • : Carnet de voyage de Michel, Lucie, Lise et Bastien (6 mois en Asie : Vietnam, Laos, Thaïlande, Cambodge), sans autre prétention que de donner à nos proches des nouvelles et des ressentis au fil du temps. Notre mail : miluliba(arobase)gmail.com
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Les news du blog ...

 Bonne Année !

On est rentré depuis bien longtemps, un nouvel article est apparut pour le retour en France... 


 


30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 16:26

Nous revoilà !!!!!

 

Un petit article d'actualité chez les "Miluliba"....

 

 

Le retour :

Tout s'est bien passé :
Le retour en avion : j'ai été un peu  malade (froid, jambes flageolante, pas faim...)  Pourquoi ? Mystère et boule de gomme...
Arrivée en France : Pascale nous attendait, avec... Viennoiserie, patisserie, fruit français (prune, abricots...) thé (lipton yellow, on trouve que ça au vietnam....) etc...
Après, on est arrivé en France et tout s'est ben passé. 

Le chat :

On ne l'a pas récupéré le jour du départ, comme prévu, faute de manque de place... Mémé a donc continué à garder Noisette, notre bonne vielle chatte de11 ans. Mardi 28.08, nous la récupérons pour de vrai.  1h1/2 de trajet. Après le dernier arret, on l'a liberée jusqu'a la maison...  Puis, elle a rapidement repri ses repères et... ses bataille avec Bounty, la chatte de voisin, qui avait récupéré le territoire....
Travaux 124
Notre petite Noisette, quelques mois après son retour à la maison

Le collège :

Ne laissons pas passer cette inportante information ! Car oui, je suis rentré au collège !!!!!!!!! C'est gé-nial. Mieux que la primaire.  J'ai 20.000 trucs à dire:
-C'est bien 
-C'est génial
-C'est cool
- ....etc
- Euh....... ! Je sait pas moi ! Si vous voulez 20.000 trucs, faut poser des questions !!!!!
Stage d'intégration 099
Pendant la balade du stage d'integration

Les travaux :

L'actualité de la maison...
Certains doivent êtres aux courant, on refait l'entrée...
Regardez les photo, c'est plus simple à comprendre:
Travaux 041 Travaux 044 
La pelleteuse ...                                                       ... Qui a creusé un grand fossé
Travaux 045 Travaux 056
                                                                             A la recherche d'un caillou qu'on voulait garder
Travaux 119 
 029
Maintenant, il y a un peu de neige et ça ressemble  ça
LISE
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18 juillet 2012 3 18 /07 /juillet /2012 00:00

(un article de Lise)

La tradition des grands voyages est de faire des statistiques de voyage. Alors...

VOICI LES NOTRES !

 

Vous vous souvenez de l'article « l'avion, même pas peur » ?

C'était n'importe quoi !

Notre voyage, c'est plutôt :

 

Vietnam (1ère partie): 80 jours

 

29 lits différents

25 trajets en 28 véhicules

 

Laos : 32 jours

 

7 lits différents

3 trajets en 4 véhicules

 

Thaïlande : 15 jours

 

2 lits différents

2 trajets en 7 véhicules

 

Cambodge : 23 jours

 

3 lits

3 trajets en 4 véhicules

 

Vietnam (2ème partie) : 10 jours

 

3 lits

2 trajets en 2 véhicules

 

TOTAL : 160 jours (5 mois et 10 jours)

44 lits

35 trajets en 44 véhicules

 

Moyen de transports utilisés :

-Bus

-Avion

-Bateau

-Voiture

Et on ne compte pas tuk-tuk, vélo, moto, taxi, tandem, marche à pied ...

 

Quelques moyens de transport :

danang-hué-dong hoi 005   P1100742

un bon bus vietnamien, avec bien sûr l'écran DVD  à l'intérieur : beaucoup de clips -tous sur le même modèle-, un peu de karaoké -pas trop, ouf-, des humoristes -le pire, imaginez Coluche en vietnamien, sans mise en scène, et tout le monde rigole-, et puis des films de qualité variée ...

 

P1110012    P1110128

le train vietnamien, celui-ci "hard seat" sans clim (mais il y a aussi des "soft seat" et puis des couchettes, hard ou soft, avec ou sans clim !) ; l'attente sur le quai de la gare au petit matin à Dong Hoi

 

P1140278   P1140316

le chargement du bus de Dien Bien Phu au Vietnam (les sacs de vêtements qu'on a attendu 2 heures du bus d'Hanoï) ; le "bac" à Muang Khua à l'arriée au Laos, une barque étroite qui tangue quand on monte avec les gros sacs ...

 

P1140573   saigon 034

la descente de la Nam Ou, pas confortable, mais très belle (à G)

(à D) le clou du voyage : le bus-couchette de HCMV à Kontum, 12h avec l'impression d'être soit sur un chameau, soit à fond de cale d'un bateau dans la tempête ... c'était sympa, mais c'est drôle, on n'a pas réitéré l'expérience ! En plus, c'est frustrant de ne pas voir le paysage.

 

(Lucie - commentaire des statistiques "transport" : 29 lits en 80 jours, dans la première partie du voyage, cela fait une moyenne d'un changement tous les 2 à 3 jours ; dans la deuxième partie, 80 jours également, 15 lits seulement : on a vraiment baissé le rythme ! Proportion équivalente pour les trajets.)

 

 

Dans la foulée, les statistiques de santé :

 

                                                                   Bastien | Lise    | Lucie   | Michel

Vomis :                                                          2        |     2      |    0        |     1

                                                                                  |             |               |

Grosses diarrhées :                                  0        |    0       | 4 jours | 1 jour

                                                                                  |             |              |

Fièvres :                                                    5 jours | 2 jours |     0      |     0

                                                                                  |              |              |

Coups de froid-chaud :                             0        |    0       | 4 jours | 4  jours

                                                                                 |              |              |

Vrais bobos :                                  3 semaines |    0        |15 jours| 1 semaine

 

 

Lucie – commentaire à propos de la santé

On n'a pas eu de souci de santé important, on n'a consulté qu'une seule fois un médecin, pour mes bobos tenaces qui ont cédé alors sous les antibiotiques.

On a eu la chance de ne jamais se faire mordre par un chien, ce qui aurait nécessité de trouver rapidement une injection antirabique, quitte à prendre un avion (même en se faisant 'vacciner' préalablement, il faut le faire); or les chiens sont très nombreux à peu près partout, et deviennent actifs dès le crépuscule. Bastien a été très raisonnable, en acceptant de ne pas toucher les animaux, notamment les singes, porteurs potentiels de rage eux-aussi.

Pas d'accident non plus, de circulation ou en balade. Au Laos, le fait de savoir (et de voir) qu'il y avait très peu de structures médicales (tous les conseils sont d'évacuer immédiatement, si possible, vers la Thaïlande, même à Vientiane) a sûrement joué dans mon malaise dans le pays.

 

Au global, ce qui nous a le plus servi dans notre (immense) trousse à pharmacie :

  • des tonnes de pansements et compresses, pour moi d'abord, pendant la pérode impetigo, qui est très contagieux ; puis pour Bastien qui a eu un bobo à la malléole, endroit pas facile à scotcher ; et surtout sa transpiration dans le climat ambiant faisait se décoller en peu de temps toute protection, même sophistiquée (elastoplast, bande, …), pas facile quand on veut tenir la blessure propre et à l'abri de la poussière
  • en conséquence, pas mal de désinfectant, bétadine sous plein de formes locales (la stratégie de Michel, notre infirmier familial, étant qu'il faut nettoyer immédiatement chaque bobo, pour éviter qu'il s'infecte sous ce climat)

  • pour la digestion, les diarrhées et les vomissements, un super médicament de médecine traditionnelle chinoise, le potchaï, qui sert autant à faciliter une digestion un peu difficile qu'à nettoyer proprement le tube digestif quand il est attaqué ; et aussi du Smecta amélioré aux probiotiques

  • le Tégarome, produit d'aromathérapie pour tous les petits bobos (égratignures, piqûres, ..) et les coups de soleil

  • et puis ensuite, un peu de doliprane, d'aspirine, d'équivalent en médecine chinoise

  • et quelques gouttes de Rescue (Fleurs de Bach) dans les cas graves, par exemple quand Bastien vomit tout ce qu'il avale, médicaments compris, et qu'on a 1000m de dénivelés à redescendre à pied ...

Insertion de Michel sur les bobos:

Une partie du corps est essentiel en voyage : les pieds ! Même si la marche à pied n'est pas une activité très courante par ici, nous avons pas mal circulé dans les rues et les marchés, dans des flaques pas toujours ragoutantes... Il convient donc de faire particulierement attention à cette partie de notre anatomie et de soigner très rapidement toute égratignure suspecte et si possible de se laver les pieds régulièrement en rentrant à l'hôtel, comme on se lave les mains. Enfin, une paire de chaussures où l'on a pas trop chaud se révèle la seule façon de faire tenir un pansement et est préférable aux tongs pour faire de la moto : difficile à faire admettre aux enfants quand il fait 35°C...! 

Donc pour ce qui est des bobos : inutile de charger votre pharmacie, les petits conditionnements qu'on trouve dans les pharmacies un peu partout sont très sympas: bouteilles de Bétadine de 3 cm de haut ; pochettes de compresses de 4x4cm, Urgoskin achetable à l'unité (Lucie a dû en consommer une centaine...). Il faut juste un exemplaire de ce que l'on cherche pour bien expliquer ce que l'on veut au marchand ! 

 

Re-Lucie :

Concernant les piqûres de moustique, nous avons pu constater une inégalité complète de l'exposition en fonction du sujet (« injustice de la nature », traduit Michel) : si j'ai eu les chevilles très souvent attaquées, Bastien a été pas mal piqué, Lise n'a pas dû avoir plus de 10 piqûres, et Michel quasiment jamais.

On peut donc s'interroger sur la pertinence de nos kilos de bombes anti-moustiques, que nous avons irrégulièrement utilisées. Mais c'est facile à dire quand on a été atteint (en tous cas pas à ce jour) ni par le palu, ni par la dengue, ni par l'encéphalite japonaise …

Conclusion : si vous partez en voyage, emmenez-moi, vous ferez des économies d'Insect Ecran (le rouge, le meilleur, pas le blanc) ou de 5/5 (on vous le déconseille) !

 

Remarque : l'eau potable

Aucun de ces pays n'a d'eau potable au robinet, elle s'achète en bouteille.

Si on estime notre consommation moyenne à 3 bouteilles d'1,5 litre / jour, soit 4 à 5 litres (avec des pointes à 9-10 litres à Siem Reap), et un tarif moyen de 0,5$/bouteille,

cela nous amène à près de 500 bouteilles, soit 250$, soit environ 200€, il me semble que c'est l'équivalent de notre facture d'eau annuelle à la maison (Michel ajoute : on n'a pas doublé la note en litres de bière).

Côté bilan énergétique, ça fait pas mal de plastique usagé, mais en général recyclé -semble-t-il- par des sortes de « chiffonniers » … Et on a aussi explosé nos chiffres par l'utilisation de clim, ça c'est sûr !

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16 juillet 2012 1 16 /07 /juillet /2012 17:51

Passage de la frontière cambodgienne pour Ha Tien, première ville vietnamienne de la côte sud, à l'ouest du delta du Mékong. Cette ville est à la fois pas du tout touristique, et pleine d'hôtels : c'est en effet le départ pour l'île de Phu Quoc, la Corse locale, et aussi une « zone économique spéciale », pour laquelle on peut avoir à la frontière un visa de 15 jours (alors que les règles pour obtenir les visas vietnamiens sont très rigoureuses). Le commerce avec le Cambodge bat donc son plein, les mobylettes repartent chargées à bloc, c'est vivant, animé … c'est le Vietnam !

 

On retrouve l'architecture fine et délicate, d'inspiration soviétique pour les bâtiments officiels, et plutôt de genre légos dépareillés dans les villes (avec inox et des couleurs vertes ou bleues , parfois pire).

On revoit les forêts d'antennes de téléphonie mobile ou autre, sûrement pas plus qu'en France, mais ici, elles ne sont pas du tout dissimulées.

La nature redevient bien domestiquée, la gestion des déchets est toujours étonnante (un petit sac bien fermé, ou un carton, jeté tranquillement dans le caniveau devant la maison ou la boutique par l'occupant des lieux).

DSCF3631  DSCF3638

la frontière cambodgienne ...                        la frontière vietnamienne

 

La circulation est un poème en elle-même ; je suis admirative de sa fluidité, liée je dirais, au pragmatisme et à la responsabilité de chacun. Si vous observez un chauffeur de taxi ou de voiture privée, comme on en a louée parfois, vous lui trouverez par son côté taciturne, un air de vieux loup de mer scrutant l'horizon, économisant ses gestes tout en sachant être très réactif, avec sang froid ; vous y croiserez peut-être aussi quelque chose de la fausse nonchalance du gardien de troupeau, dont on croit qu'il ne fait rien, et est en fait très attentif. Les klaxons ne sont pas agressifs, du genre, pousse-toi de là minus, mais attention, j'arrive, prends-le en compte. Chacun regarde devant lui, chacun est responsable de sa trajectoire. Pas de code de la route, même pas sûr que la priorité à droite soit une règle. Même rouler à droite se contourne quand il y a besoin, je m'explique : vous arrivez à vélo sur un grand axe urbain à plusieurs files ; difficilement, en serrant les dents, vous parvenez à vous caser avec les enfants sur la file la plus à droite, vous soupirez d'aise en disant, ouf, maintenant, on y va tranquille, et là, d'un coup, vous avez une motobike devant vous, en sens inverse ! C'est juste qu'elle venait d'une rue à droite un peu plus haut, avait besoin d'aller à un magasin sur le côté droit de la rue un peu plus bas (vous suivez ? ) donc pourquoi traverser pour rejoindre sa file normale puis retraverser 200m plus loin ??? on se le demande d'ailleurs … De même, vous voulez tourner à gauche à un carrefour. En France, vous avancez lentement en restant bien sur votre file, vous laissez passer les voitures qui viennent d'en-face, puis vous rejoignez le coté droit de votre rue. Ici, vous visez la trajectoire la plus directe, donc l'angle droit de la rue que vous abordez, et vous arrivez sur la gauche de la file de droite (je vous ferai des dessins). Quoi qu'il en soit, c'est parfois surprenant, mais ça fonctionne, grâce à cette responsabilité de lui-même dont fait preuve chacun, au lieu de dire 'j'ai la priorité, donc je passe'. C'est la même chose pour les piétons : on est surpris de voir les enfants vraiment très jeunes jouer sur trottoir ou marcher le longs des routes. Bien sûr, la priorité est au plus gros, ce qui pourrait passer pour du darwinisme mal compris ; mais ce n'est pas ce qui se ressent ; oui c'est le plus gros qui passe, mais le petit peut passer aussi, il n'est pas écrasé par le gros, il passe simplement entre eux, il a le droit d'exister.

 

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le marché aux poissons d'Ha Tien                            séchage des crevettes sur le trottoir

 

Coté nourriture, le Vietnam m'a fait enfin ressentir le concept de « saveurs » de la médecine traditionnelle chinoise, avec la préconisation de les mélanger dans un même repas (acide, amer, doux, piquant, salé) : un bon plat laisse ainsi un goût « complet » dans la bouche, pas besoin d'en rajouter ensuite, l'organisme apprécie ! De toutes façons, il y a peu de sucré. Et je ne dis rien de toutes ces herbes fraîches qu'on ajoute en quantité … La fraîcheur est d'ailleurs le maître mot de la cuisine : pas de frigo, pas de micro-ondes, tout est produit, acheté et consommé au jour le jour … quel bonheur ! Le plaisir aussi de ces cuisines de rue, une dame en général, qui prépare peu de plats, mais les assaisonne à sa façon, avec goût, avec cœur.

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retour au Pho à Ha Tien

 

Au global, ce qui est le plus marquant pour moi, c'est la tonicité, l'efficacité, la réactivité de tout ce monde. Petit exemple banal : on arrive à Ha tien, le bus nous pose devant le café qui sert d'agence ; comme on a un petit souci avec notre billet, on discute, on a alors immédiatement au téléphone la chef, qui parle français et est peut-être à Saïgon, ou Phu Quoc ou je ne sais où. Michel vient m'expliquer le résultat de la négociation -je garde les bagages sur la terrasse-, il a peine fini que le téléphone de l'agence sonne, c'est pour lui, c'est la même dame qui lui propose un hôtel ; le temps qu'il vienne me raconter cette proposition, une motobike avec chauffeur est arrivée pour l'emmener visiter, et quand il revient, ce sera le taxi qui sera prêt !

Et ce qui est fort, c'est que cette efficacité dans le travail est aussi vraie pour le repos : tout le monde dort partout, où il peut, quand il peut, aussi longtemps qu'il peut, comme il peut (sur la motobike très souvent,  mais on en a vu dormir dans leur étal de marché au milieu du bruit ; et aussi les bébés dans les hamacs au-dessus des légumes …). Dans les bus, c'est très calme, tout le monde dort, quelle que soit le durée du voyage.


Commentaire de Michel

Il y a un autre aspect qui étonne lorsqu'on se promène au Vietnam et qui participe de cette efficacité. Les Vietnamiens gèrent leurs stocks et la distribution de leurs marchandises d'une façon complètement différente de ce que l'on trouve par chez nous. La règle semble : tout est disponible à peu près partout en petite quantité. En France, il ne viendrait pas à l'esprit d'ouvrir un commerce à côté d'un magasin vendant exactement la même chose ! Ici au contraire les magasins se cotoient par thème, ce qui donne un paysage urbain pittoresque, avec des rues où se concentrent les vendeurs de motos, ici les vendeurs de meubles, là les vendeurs de vêtements. Ce sytème montre sa plus belle forme dans la vieille ville d'Hanoï où les rues sont organisées par corporation de commerce et porte le nom de ce qu'elles vendent. Les règles de la concurence nous échappent : il manque la pointure à la paire de chaussures que vous essayez ? Le vendeur part en courant et vous la ramène dans les 2 minutes ! Un autre aspect est très typique : les échoppes sont toutes petites et sont toutes remplies à craquer. Elles semblent regorger de marchandises, comme les étals de marché regorgent de produits frais. Mais dans cette présentation ultra dense, il n'y a aucun stockage inutile, juste une utilisation optimale de la place. Le soir venu, tous les produits frais seront vendus, tous les poulets, saignés, plumés et cuits. Nous avons vraiment apprécié cette fraicheur, tant pour les fruits achetés sur les marchés que pour ce que nous avons mangé dans nos assiettes.

Imbriquée dans cette organisation par corporations, les petites restaurations et les petites épiceries se trouvent à peu près partout. Là encore c'est la structure en petits quartiers traditionnels qui semble maintenir l'organisation de l'ensemble : où que vous soyez, vous pouvez trouver à acheter une bouteille d'eau, une soupe de nouilles et une carte sim ! Le mode de vie des vietnamiens semble coller encore à cette organisation de ville. Pour combien de temps ? On commence à voir fleurir ici ou là des grands magasins, des fast food à l'occidentale, la motorisation accélérée change la donne de cette proximité de tous les produits en tout lieu.


Au global, cette animation et cette réactivité donnent au voyageur (que je suis un peu devenue) une impression de sécurité : quoi qu'il arrive, il y aura quelqu'un pas loin, qui aura un téléphone, qui appellera quelqu'un qui sait parler anglais, ou qui aura une mobylette, etc …

P1170109

 

Bref, à Ha Tien, on retrouve avec plaisir cette ambiance (on avait juste oublié que c'était aussi bruyant !). On fait une cure de Pho, de Banh Xeo, de beignets variés ; on garde notre petit programme tranquille, un peu de vélo, un peu de motobike, quelques achats (dont une valise supplémentaire !), Tom et Jerry, …

Après quelques jours, bus pour Saïgon, on y passe une bonne journée, puis avion pour Hanoï où il fait très chaud, emplettes au programme avant le retour en France.

 

Bon, et maintenant on va retrouver ce qu'on n'a pas vu ni fait pendant presque 6 mois : mettre un pull, conduire une voiture, manger du bon pain, du fromage, des yaourts de brebis, des lentilles, du tiramisu, mettre la table, la débarrasser, faire la vaisselle … En fait, vu sous cet angle, il n'y a pas grand chose de tout cela qui m'a vraiment manqué !

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12 juillet 2012 4 12 /07 /juillet /2012 06:34

Dans cet article, je vais décrire ma journée dans l'école française Jean Hoffet de Vientiane.

NB: Je suis désolée, je n'avais pas l'appareil photo... Ce sera un article sans photo....

 

Je connaissais à peu près le plan de l'école grâçe à l'ami qui nous a si bien acceuilli : quand il est allé chercher sa fille, le 1er soir, nous l'avons accompagné et il en a profité pour nous faire une mini visite de l'école et une présentation de la directrice...

 

Le jour J, nous étions chez un des travailleurs de l'association qui nous a logés au début de notre séjour. Il avait 2 enfants scolarisés à l'école française. Donc, le jour si attendu, 3 enfants s'installent à l'arrière du taxi, dont l'un très stressé, mais avec le sourire jusqu'aux oreilles. Pendant le trajet, mini-course avec papa, qui était parti à vélo:

-Il est super loin derrière!

-Nan! Y nous rattrape!

-Il nous a doublé!

-C'est bon on le rattrape!

-Doublé ! Blblblblblblb (tirage de langue)

-etc...

 

Une fois arrivée, je me laisse guider. J'ai l'impression d'être un automate! Les 2 garçons s'éloignent vers leur classe respective. Papa me téléguide (bah quoi?! On dit comme ça pour un automate!) vers le bureau de la directrice, qui nous mène au bureau d'à côté.

Il faut remplir un papier, puis la directrice vient me chercher pour me mener à ma classe; je la suis, trop heureuse pour pouvoir dire un mot, papa sur les talons. Elle me présente mon maître, Alain. C'est un vrai français (vrai français = qui n'a pas d'accent, qui est blanc...) qui a l'air sympa... Un au revoir à papa, qui, quelques minutes après, suit la directrice. Alain se renseigne à mon sujet, je lui explique que je veux faire un exposé... Puis il me montre un groupe de filles, en précisant que quand elles sont entre elles, elles parlent souvent lao. Je vais les voir, elles me posent 350.000 questions et jai un pressentiment que ce ne seront pas elles, mes copines.

Puis, Pauline (ma copine) surgit. Elle l'aurait fait plus brusquement, elle m'aurait fait peur! Elle m'explique 2 ou 3 trucs sur l'école puis la cloche sonne. "A la récré, on se retrouve ici, devant la bombonne d'eau, OK?" me dit-elle avant de disparaître dans sa classe. Je m'empare de mon sac et je suis les autres. En pénétrant dans la classe mon stress devient un super-stress. Je reste plantée en attendant que le prof me place quelque-part. Vu que ç'a n'a pas l'air d'être ce qui le préocupe le plus, je prends le temps de regarder ce qu'il se passe autour de moi. J'observe 3 garçons se chamailler (en lao) pour avoir le feutre pour pouvoir écrire la date au tableau, j'écoute le brouhaha, je m'aperçois qu'une fille ne me quitte pas des yeux, je la vois se lever pour dire quelque chose au prof... Deux secondes plus tard, Alain vient me voir et me dit: "Tu peux te mettre là". Une fois tout le monde installé, le maître me présente et me pose des questions sur mon voyage. Ma timidité m'empêche de dire que c'est de ça dont je vais parler dans mon exposé. Je continue donc de répondre à ses questions en me disant "Et zut, je voulais tout leur expliquer pendant mon exposé!"

Ensuite, dictée. Elle est tellement fastoche que je l'ai tout de suite sue par coeur. À la fin, j'étonne le prof avec mes capacités de lecture :

-Vous prenez le cahier du voisin ! Qui veut relire la dictée ?

-Moi !

-Euh, avec l'écriture de ta voisine, je ne suis pas sûr que tu y arrives...

-Si, si. Ça fait 3 fois que je la relis.

 

On enchaîne avec les maths. Bien qu'au début j'ai confondu le diamètre et le rayon, je suis quand-même la première et la seule à finir le cylindre en papier demandé.

 

RECREATION

 

Histoire. Exposé sur la 2ème guerre mondiale. Ça ne m'intéresse pas mais puisque c'est au programme...

 

La cloche de la pause-repas sonne. Ma classe sort et se dirige vers le self. J'ai un ticket "20.000 kips" et c'est tout ce que je sais. Je guette alors la sortie de Pauline.

Enfin ! Elle sort ! Elle me montre où prendre mon plateau et je déjeune avec elle et sa meilleure amie. On vient à peine de terminer notre repas que la cloche sonne. Je vais enfin pouvoir faire mon exposé !

Je commence mon exposé. Un peu avant la fin, une dame entre dans la classe. Alain me dit: "Tu peut mettre ton exposé en pause ? On doit faire le cours de sciences". Je mets donc mes affaires de côté et je m'installe à ma place. La prof commence à causer en anglais, me pose des questions, me demande où j'habite, est étonnée que je fasse du ski. Et le cours commence... tout en anglais! J'ai rien pigé mais je m'en fiche! À la fin du cours d'anglais, RECREATION.

Je reprends mon exposé avec le bonus photo. Le vidéo-projecteur allumé, je me plante devant le tableau et commence à donner des légendes aux photos.

Ensuite, mini-exposé d'une fille qui raconte qu'elle était sur place pendant le tsunami thaï de 2004...

Et c'est déjà la fin de la journée !!!

Je retrouve Pauline, lui dis au revoir (je ne la verrai plus), et je rejoinds les 2 garçons de ce matin. Ensemble, nous prenons le taxi et je raconte ma journée. Le soir, repas très animé car je re-raconte ma journée.

Cette journée était géniale, j'ai adoré. Pour ceux qui n'ont pas lu l'article de Vientiane, voici mon opinion:

Je trouve difficile d'y rester qu'un seul jour car c'est le jour du stress, du manque de connaissance, du manque de copines... Et surtout il faut la quitter alors que le stess est tombé car on commençe à connaitre...

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12 juillet 2012 4 12 /07 /juillet /2012 03:46

Nous avions quitté Kompong Cham sur le Mékong pour Kampot, presque bord de mer, sous la promesse d'une température moins brûlante. Pari tenu, il y a un petit vent, et parfois (pas souvent) on a presque eu envie de sortir en soirée une chemise à manches !

On est resté presque 10 jours, après décision collective de ne plus trop bouger jusqu'à la fin de notre voyage ; on aurait pu en effet retourner plus rapidement sur le Vietnam, aller à Dalat voir s'il y avait des fraises, passer à Kontum dire bonjour à nos amis, faire une visite de la DMZ … mais tout cela demande de plier la valise encore plein de fois, de faire plein d'heures de bus ou de train, de réfléchir et décider encore plein de fois où on va, où on loge, où on mange … Bref, on est resté là !

Programme simple : alternance d'un jour de « glandouille » avec un jour de balade, en motobike ou vélo dans les parages.

DSCF3487

 

Quelques points marquant de nos balades dans les alentours :

Kampot pays du sel (marais salants gigantesques dans ce qui est presque l'extrême ouest du delta du Mékong), et surtout du poivre, un des meilleurs au monde disent-ils ; un développement assuré par des français, dans une association qui fédère les producteurs, label Ecocert et tout et tout. Les enfants qui hurlaient il y a 6 mois sur un grain de poivre s'étaient déjà bien habitués au fil du temps, mais là, je pense que notre consommation va nettement augmenter ! On a appris la différence entre le poivre blanc, « piquant, mais pas chauffant », et le noir, « piquant et chauffant » (on avait déjà testé la différence entre poivre et piment .. chauffant !). Il y a aussi du poivre rouge, utilisé par les grands chefs dans les desserts par exemple. Et on a vu une nouvelle fois le travail précis, grain par grain, pour la récolte comme pour le tri (à la pince) pour obtenir le produit fini …

DSCF3500  DSCF3517

plantation de poivriers, sous un léger couvert qui rappelle la forêt (le poivre est une liane)

                                                              les grains de poivre, qui seront ramassés un par un, selon leur matûrité

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                      tri de grains un par un : enlever le pédoncule, vérifier que les grains sont pleins, calibrer, ...

 

Autre visite impressionnante : la petite ville côtière de Kep, à 20 km de Kampot. Kampot et Kep étaient une zone très prisée par les cambodgiens aisés dans les années 60, qui furent de belles années sereines et prospères dans ce pays, paraît-il. Les Khmers rouges en 1975 ont donc particulièrement ciblé ce coin, qui en plus de sa position stratégique sur la mer et sur la frontière vietnamienne, représentait tout ce qu'ils abhorraient de richesse, de culture et d'intellectualisme. Les belles résidences secondaires ont donc été vandalisées et pillées, mais gardent leur architecture typique de ces années somme tout tellement proches … La petite histoire dit qu'aucune de ces maisons, aucun de ces terrains (tous en situation magnifique sur la mer), ne sont à vendre aujourd'hui, rachetés par des promoteurs : dans 10 ans, si le Cambodge poursuit son développement, ce bout de côte ressemblera peut-être à la Thaïlande touristique …

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maison abandonnée dans le quartier résidentiel de Kep

 

Et puis encore le Bokor, « montagne » impressionnante, 1000m d'altitude et de brouillard (là on a eu froid !), avec vue magnifique sur la mer et l'île de Phu Quoc (en dessous du brouillard), et station climatique fantôme des français (là, c'était dans le brouillard), en cours de réaménagement grandiose par le patron des stations essence (qui a aussi la concession de la billetterie des temples d'Angkor) ... sans commentaire ..

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en descendant du Bokor, vue sur le delta et Kep

 

Le reste du temps, « glandouille » dans notre guest-house très très calme de bord de fleuve (et avec télé), sur la terrasse (à écrire des articles pour le blog par exemple), baignades, petites balades à pied dans la ville, le long de l'eau, visites au marché plein de saveurs et de sourires, ... On joue aussi le jeu des magasins et restaurants pour touristes, plus chers, mais liés à des associations de développement local ou de soutien, du handicap notamment, qui inspirent confiance sur la qualité de leur travail.

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                                        on se baigne .... même quand il pleut

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... on traîne à la guest house avec vue sur le fleuve

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                           on mange au marché, ... dans la rue ...

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... et dans les restau caritatifs

On mange bien, les gens sourient vraiment de l'intérieur d'eux-même, on commence le bilan de nos aventures, on pense à notre retour, on mesure comment les enfants ont grandi, on s'apaise …

Et ce qui est sûr, c'est que si on a l'occasion de revenir dans un pays d'Asie, le Cambodge sera en tête de liste, pour l'explorer plus finement que notre approche un peu fatiguée de fin de voyage. Ça fait du bien de finir avec l'envie de revenir ...

DSCF3526                                                coucher de soleil sur le Bokor et la Kampot River

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7 juillet 2012 6 07 /07 /juillet /2012 07:09

 

Vous savez, on avait dit " On rentre le mercredi 8 août " et ben NON, on rentre le jeudi 19 juillet .

 

Info:

 

Demain on est au Vietnam, à Ha tien plus précisement et après

Saigon -->Hanoi en avion et après

Hanoi ----->Paris en avion et après

Paris-->Lyon en avion et après

Lyon-->GRENOBLE en voiture !!!!

 

COOL !!!siem reap 101MOI

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5 juillet 2012 4 05 /07 /juillet /2012 16:07

Après Siem Riep, on voulait voir un Cambodge un peu plus cambodgien. On n'était pas attiré par Phnom Penh, la capitale, qu'on imagine grande et bruyante ; on ne se sentait pas non plus l'énergie de repartir dans la campagne ou la montagne, faire des treks, rencontrer des minorités. Alors on a choisi la ville moyenne de Kompong Cham, sur les bords du Mékong, pas trop touristique, mais pas trop isolée.

 

Effectivement, plein de monde, plein de vie, … et beaucoup de regards étonnés sur nos allures d'occidentaux : les cheveux blonds de Lise (qui ont dû bien pousser ces derniers mois) ont fait des ravages !

P1160614 cours d'aérobic le soir sur les bords du fleuve

 

Un Mékong magnifique, 1 kilomètre de large au cœur de la ville, encore plus vaste un peu plus loin, avec des îles totalement recouvertes à l'automne paraît-il (on ne navigue quasiment plus dessus maintenant que les routes sont refaites, dommage).

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le pont de Kompong Cham                                      "la plus belle vue du Cambodge", une île sur le Mékong

 

Du coup, une très belle lumière sur la campagne alentour : les maisons en bois sur pilotis (contre la crue),

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les belles vaches blanches aux longues pattes, hanches saillantes et hauts sabots, on croirait des mannequins de mode,

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des familles qui nous saluent, presque tous ont leur « krama », ce foulard à carreaux coloré qui sert à tout, à se protéger du soleil, du frais ou de la poussière, de pagne pour les hommes, de sarong (pareo) pour les femmes, et qui, comme le keffieh palestinien, a pris une valeur identitaire.

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krama sur la tête à gauche, en pagne à droite, sur le "bac" qui nous fait traverser un bras du fleuve

 

On aura vu la récolte du sésame : comme pour le riz, on pensera désormais à tout ce travail à chaque petit grain qui tombe sur la table ou qui reste en bord d'assiette.

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Et puis l'hévéa, du produit brut à celui qui partira dans les usines de caoutchouc, probablement pour faire des pneus en Asie dont le parc automobile explose …

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Ici (par rapport à Siem Reap), on paie davantage en riels, mais il y a encore ce jeu avec les deux monnaies, qui sont de bons exercices pédagogiques de calcul et de conversion (ça coûte 14 000 riels, je donne un billet de 5$, combien me rend-on, sachant que 1$=4000 riels ? Réponse : 1$ et 2000 riels ; et tout cela sans bien savoir reconnaître toujours les billets, dont les chiffres sont écrits en khmer, le 1 ressemblant à un 9 …).

 

Bref, c'était sympa, d'autant plus que notre guest-house était tenue par un français, qu'il y avait une console de jeux, un billard et des frites : le bonheur pour la jeune génération ! (Heureusement pour nous, il y avait aussi des curry au lait de coco et autres spécialités cambodgiennes. Et on s'est bien amusé avec eux au billard, que Michel leur a appris, et aux jeux vidéo, qu'ils nous ont appris - et ils nous ont trouvés, avec raison, très nuls.

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Le seul problème est qu'on a eu très chaud, tant dehors que dans la chambre : pas facile pour bouger comme pour se reposer. C'est pour ça qu'on est reparti après quelques jours.

 

On a décidé en effet qu'on voyageait « soft » ce dernier mois, sans trop d'engagement. Ce n'est pas qu'on est blasé, mais quand-même, après avoir vu les marchés vietnamiens, les Vat de Luang Prabang, la Nam Ou et les montagnes du nord Laos, les plages de Thaïlande, les temples Angkor, le sourire des cambodgiens, c'est difficile maintenant de trouver mieux ! C'est comme après un bon repas, quand on préfère rester sur une saveur et ne pas rajouter une autre qui la gâcherait …

Et puis la saison est assez difficile, c'est la saison dite des pluies, où, soit il pleut, soit il fait très chaud, soit les deux à la fois. Les averses sont spectaculaires d'intensité, on sèche très vite ensuite, mais pour faire de la moto, ce n'est pas toujours très drôle sur les chemins boueux ; et motiver les enfants à pédaler sous le soleil brûlant alors qu'il y a Tom et Jerry à la télé, sur CN ou TV5-Monde, cela devient mission impossible !

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il pleut ...                                                                      ... il fait bientôt beau

 

Et oui, on a lâché aussi là-dessus : on a toujours cherché des hébergements avec internet, mais aujourd'hui, si en plus il y a la télé, c'est bien. De plus, l'école devient vraiment épisodique, ça laisse du temps. Alors je révise mes Tom et Jerry, je découvre Oggy et les Cafards (eh oui, on n'a pas la télé en temps normal …). On tombe parfois sur les infos françaises, je les trouve toujours aussi affligeantes, par leur manque de contenu et leur message sous-jacent alimentant la peur. Je crois que c'est cela qui sera le plus dur pour moi dans le retour en France : retrouver une société très coincée, très timorée, très procédurière : on a vu tellement, tellement de jeunesse, surtout au Vietnam et au Cambodge, et tellement de dynamisme, d'enthousiasme, de pragmatisme …

 

On ne se bagarre plus non plus autant pour manger local : si la guest-house fait à manger, tant mieux, en général, il y aura un assortiment de « western food » et de plats locaux (du coup, ils n'ont jamais mangé autant de frites dans toute leur vie que ces dernières semaines !).

Et si ça parle français dans la guest-house, on voit bien que les enfants sont contents, même si pour nous c'est moins dépaysant …

 

On est donc en roue libre jusqu'à notre départ légèrement anticipé, le 18 juillet à partir d'Hanoï. En fait, si on avait été des voyageurs plus aguerris, on aurait cherché pour cette dernière période un endroit dont la nouveauté nous aurait motivés au-delà de la chaleur, de la fatigue, de notre curiosité déjà bien émoussée … Mais on aura du coup du temps en plus à la maison, pour laisser « infuser » ce voyage, plutôt que d'en faire une indigestion (je suis dans les métaphores culinaires, on dirait).

 

Et peut-être qu'aujourd'hui, après tous ces beaux sites dAsie, on a aussi envie de voir Versailles, le Mont St Michel, Carcassonne, les grottes de Choranche ...

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          une image classique du Cambodge : si, si, c'est  quasiment elle qui fait la couverture du 'guide du routard' !

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5 juillet 2012 4 05 /07 /juillet /2012 07:51

Petites réflexions de géologue sur l'incroyable construction des temples d'Angkor.

 

De l'origine des sculptures khmères

 

Le simple visiteur comme le scientifique se posent cette question : qu'est-ce qui a poussé les hommes à construire cet ensemble de temples à cet endroit, sur une période de 400 ans, avec une telle cohérence dans l'organisation, une telle homogénéité dans les techniques de construction, une telle finesse et récurrence dans les motifs de sculpture.

 

On peut se poser la question d'un point de vue d'historien, de théologien, d'urbaniste ou d’ethnologue. On peut se la poser aussi d'un point de vue de géologue et de géographe : « En quoi le terrain du site d'Angkor a-t-il contribué a façonner cet ensemble architectural ? »

 

Les géographes confirment : ce site était idéal pour construire des villes dont la fonction était double, organiser la vie d'une population mais surtout faire des monuments pour les dieux. Tous les éléments sont là : une plaine fertile où cultiver le riz, un grand lac poissonneux au sud pour pêcher, des montagnes au nord pour fournir la pierre et pour les dieux, un réseau de rivières permettant l'irrigation des champs et l'alimentation des villes. Le site répond aussi idéalement aux critères religieux de construction : la géomancie.

 

Un peu de géologie. Le terrain du site d'Angkor est constitué de sable, de grès et d'une grosse pierre de lave rouge, la rhyolite, matériaux idéaux pour la construction. Le sable est un matériau sain, naturellement drainant qui évite de devoir faire des fondations profondes. Les temples comme les murs d'enceinte sont quasiment posés par terre et ont très peu bougé ! La grande partie des pierres de taille sont constitué de grès, pierre à la fois solide, homogène et tendre, idéale pour la sculpture. Facile à débiter en carrière, à transporter (à dos d'éléphant...), à refaçonner pour créer ce Lego de blocs encastrés et sculptés après montage. La lave rouge, facile à débiter, mais peu apte à la sculpture, est réservée aux murs d'enceinte et aux soubassements de certains temples. Elle se fait surtout complice du soleil couchant pour donner de belles couleurs rouge-orangé aux temples que vous voyez en photo...

 

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Visages souriants géants en grès gris (Bayon)                Murs d'enceinte en lave rhyolitique (Bantaey Samré)

 

Des questions surgissent  : pourquoi ce matériau si facile à travailler n'a-t-il pas amené des formes architecturales et des motifs de sculpture plus variés ? Autrement dit : qu'est-ce qui détermine la forme de ce qui a été construit ? Juste une pression culturelle et religieuse qui incite les multiples générations de sculpteurs à reproduire fidèlement toujours les mêmes motifs, avec les mêmes techniques, selon les mêmes règles de l'art ? Comment expliquer les convergences étonnantes avec les bas reliefs des cathédrales bâties à la même époque ?

 

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Bas relief d'apsara sur grès fin (Angkor Vat)     Murs et cadre de porte en grès gris (Bayon)

 

On peut expliquer la forme de ce que l'on voit en partant de la volonté humaine (inspirée par les dieux ?) : les hommes ont voulu faire telle ou telle forme sculpturale et coup de bol, ils avaient à disposition le matériau adéquat.

 

On peut aussi prendre le problème dans l'autre sens et dire : avec ce que les hommes avaient entre leur mains, un terrain, une pierre de grès, des outils, des éléphants, qu'étaient-ils capables de construire ? Des sculptures d'une certaine forme. Et ceci peut expliquer les convergence de sculptures entre cathédrales et temples khmers, il y a près de mille ans.

 

Cette réflexion m'est venue en visitant Banteay Sreï : petit temple de grès rose, particulier dans le sens où c'est le seul à avoir été commandité non par un roi, mais par un religieux. On compare ses sculptures à de la dentelle pour leur finesse. On l'appelle aussi le temple des femmes en supposant que seules des mains de femme ont pu sculpter des motifs d'une telle finesse. On s'aperçoit que le grès utilisé pour ce temple est particulier : plus fin, plus rose, plus dense. Les sculpteurs sont-ils aller chercher le grès dont ils avaient besoin dans une carrière éloignée ? Ou bien est-ce la présence non loin de là de ce grès très particulier qui a permis l'éclosion de ces formes si délicates et si différentes de la norme architecturale d'Angkor ?

 

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Fronton en grès rose (Bantaey Streï)                                  Détail...

 

Comme pour l’inné et l'acquis en psychologie, on doit sans doute répondre « C'est un peu les deux... »

 

Cherchant des études sur ce thème, j'ai trouvé un début de réponse dans un ouvrage datant de 1954 (l'année de la chute de Dien Bien Phu!), où le géologue Edmond Saurin écrit :

 

« Cette identité de matière confère aux édifices d'Angkor, dans la diversité résultant de leur décor et de leurs destinations particulières, une unité fondamentale qui n'est pas étrangère à l'impression qu'ils produisent.

On a d'ailleurs souligné l'influence des matériaux et de la géologie locale sur l'architecture et les styles, sur l'évolution et la localisation des écoles artistiques, sur l'aspect général des constructions régionales.

A cet égard, l'art khmer a été à sa grande époque un art du grès. Et l'on pourrait aussi bien inverser la proposition précédente, et se demander si les Khmers, bâtisseurs peut-être plus ou moins habiles, ne sont pas précisément devenus des décorateurs, parfois prolixes, que parce qu'ils disposaient de ces grès tendres, dociles au ciseau.

C'est probablement aussi à ces grès, d'exploitation, de taille et d'assemblage faciles d'une résistance convenable que, délaissant les briques et la latérite, ils ont dû de concevoir de vastes ensembles architecturaux, et de devenir aussi de véritables constructeurs. »

 

Sculpteurs d'aujourd'hui

 

Aujourd'hui, les khmers se réapproprient les techniques de sculpture d'Angkor. A Siem Reap, L'école 'Artisans d'Angkor', à vocation à la fois culturelle et sociale, forme des jeunes aux métiers d'art traditionnels. Ici on reproduit avec fidélité les motifs des temples. Les élèves une fois sortis, travailleront à la restauration des temples (pour les meilleurs), à la confection de sculptures de toutes tailles à destination des touristes et surtout à la décoration des hôtels de luxe de la ville qui se font un point d'honneur de rivaliser avec Angkor Vat !

 

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Reproduction miniature d'une figure du Bayon sur grès

 

 

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Reproduction à l'échelle d'un fronton d'Ankor Vat

 

Fort heureusement, les carrières de grès ne sont pas épuisées et c'est la même finesse des formes qui se perpétue dans les productions des sculpteurs d'aujourd'hui.

 

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Reproduction d'apsaras et de la célèbre scène mythique du "Barattage de la Mer de Lait" (Angkor Vat)

 

Liens :

 

Quelques remarques sur les grès d'Angkor (Edmond Saurin - Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient 1954) :

 

ANGKOR (Centre SYFED.REFER de Phnom Penh - © Jérôme ROUER 1996-1997)... une mine d'infos ! 

 

Artisans d'Angkor à Siem Reap

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3 juillet 2012 2 03 /07 /juillet /2012 09:21

Un article sérieux, que je vous avais promis.

 

Un peu d'histoire

 

Quand je pensais opium en Asie, je ne pouvais m'empêcher de faire le lien avec mes BD préférées : Tintin et le Lotus Bleu, et Largo Winch (le doublé Forteresse de Mailink et L'heure du Tigre).

Deux idées reçues étaient collées à ces références. La référence de Tintin : l'opium est une tradition chinoise, contrôlée par les triades, que l'on consomme dans les arrières-salles des fumeries de Shangaï. La référence de Largo-Winch : l'opium est devenu un business international, contrôlé en sous-main par les régimes corrompus du sud-est asiatique, infiltrés par la mafia, voire par la CIA.

 

Idées reçues bien rapides. C'était ignorer que le développement de l'opium a été surtout un phénomène complètement imbriqué à l'histoire coloniale anglaise et française.

En effet, ce sont bien les anglais qui ont développé la culture et le commerce de l'opium en Chine, en Thaïlande et en Birmanie. Et ce sont bien les français qui ont développé la culture de l'opium au Vietnam et au Laos. Nos guides vietnamiens nous l'ont expliqué clairement à plusieurs reprises. Bien sûr, cela fait partie de l'histoire officielle vietnamienne qui est parfois un peu partiale.

 

Pour faire simple, deux aspects doivent être retenus :

 

Aspect numéro 1 : Entre la fin du XIXème et le début du XXème siècle, la France met en place toutes les infrastructures pour la culture et le commerce de l'opium à grande échelle dans le nord-Vietnam.

 

Preuve par l'image :

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Question à notre guide, pendant notre trek à Bac Ha : "Mais c'est quoi cette route toute droite qui traverse cette plaine ? Dans le coin on est plutôt habitué à des pistes sinueuses et étroites, suivant les courbes de niveau." Réponse simple : dans les années 1920-1925, les français ont construit une piste d'aviation pour permettre le commerce de l'opium généralisé dans la région.

 

Aspect numéro 2 – La culture de l'opium devient une arme essentielle du « diviser pour mieux régner » dont les français ont besoin pour lutter contre les poussées indépendantistes vietnamiennes.

Les français vont jouer à fond la carte des H'mongs (ethnie des montagnes, cultivant l'opium de façon traditionnelle et artisanale, pour une utilisation médicale et locale) contre les Kinhs (ethnie majoritaire vietnamienne vivant dans les plaines). Ils leur donnent tout pouvoir et soutien logistique pour cultiver et commercer l'opium. A la même époque, le pouvoir colonial français ré-installe de façon complètement artificielle un roi Hmong (Hoàng A Tưởng ), et lui construit un palais luxeux pour lui et sa famille, à Bac Ha.

 

Preuve par l'image :

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Un autre palace sera construit à son successeur et dernier roi Hmong (Vuong Chinh Duc ) mais son fils (Vuong Chi Sinh ) s'alliera finalement avec Ho Chi Minh pour écarter les Français du nord-Vietnam.

 

Liens :

Palace Hmong à Bac Ha

Palace Hmong à Ha Giang

 

Ces corruptions du peuple H'mong, sont évidement à mettre en relation avec le rôle joué par les H'mongs dans l'armée Française pendant la guerre, présenté par Lucie dans l'article sur Dien Bien Phu ( Lien sur article ).

 

Toute ces histoires mériteraient d'être validées, mais ce n'est pas un travail d'historien que je fais ici.

Seulement un travail d'écoute de vietnamiens rencontrés au fil du voyage, et qui suggèrent tous la même idée : les français ont fait pas mal de bêtises dans cette première moitié du XXème siècle, bêtises qui ont contribué à déstructurer la société vietnamienne traditionnelle. Et bien sûr nos guides s'empressent de rajouter poliment que c'est du passé...

 

L'opium aujourd'hui.

 

Au Vietnam, la culture de l'opium est officiellement éradiquée. Mais je ne suis pas sûr de ce qui se passe dans les zones les plus septentrionales, où les touristes ne se déplacent encore pas complètement librement.

 

Au Laos, la culture continue. Officiellement, l'état Laotien autorise une production artisanale d'opium, par un nombre limité de producteurs, dans des zones bien définies, pour un marché local. Nous avons été témoin de cette culture "locale" pendant notre trek dans la montagne de Muong Kua. Nous n'avons pas vu les champs de pavots, car ce n'était pas la saison (dommage car c'est très beau paraît-il...!) mais nous avons passé la nuit dans un village reculé, perdu à 6 heures de marche de la route, où vivent des producteurs et consommateurs d'opium.  Nous avons trouvé aussi ça et là des capsules de pavot séchées avec leurs marques d'incision caractéristiques montant que la résine en a été extraite. Pendant la montée au village nous croisons un couple dans une hutte entrain de fumer del'opium. Le fumeur que nous rencontrons fume de façon très traditionnelle. Sa femme prépare la pipe pendant qu'il fume allongé. Puis ils intervertiront plus tard leur place. Ils ont produit eux même la résine de pavot qu'ils sont en train de fumer. Nous comprenons que même dans le petit village perché dans la montagne, où nous passons la nuit, les producteurs/consommateurs d'opium vivent à l'écart, dans les cases les plus simples.

 

Lien sur l'article : Trek de Moung Khua : Rencontres entre inconnus

 

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La hutte des fumeurs

 

Où est produit l'opium d'Asie qui continue d'alimenter l'Occident ? Je ne sais pas répondre à cette question. Peut-être, dans ces zones reculées, terres de frontières et de forêts, aux confins du Vietnam, du Laos et de la Chine, sûrement beaucoup aussi au nord de la Thaïlande et de la Birmanie. Je serai tenté de dire partout où l'argent de l'opium continue d'alimenter les pouvoirs parallèles de la corruption, et où le commerce de l'opium permet aux états de contrôler les ethnies en rébellion.

 

L'éradication de la culture de l'opium pose un vrai problème de réintégration du peuple H'mong qui en avait fait une de leurs activités principales. Diversification de production agricole et implication dans le tourisme font partie des politiques affichées, mais les résultats semblent encore très timides :

Lien : Etude universitaire sur l'évolution de la culture de l'opium au Laos

 

 

Thaïlande et Laos se battent pour la deuxième place des producteurs mondiaux. C'est sans doute négligeable par rapport aux 87% de la production mondiale produite en Afghanistan... !

 

En parlant des fumeurs que nous rencontrons, notre guide nous confirme : « Ils sont très dépendants ; ils fument tous les jours ». Il ajoute : «  mais cet homme est libre, il vit dans un autre monde, il survit avec sa famille avec les ressources de la forêt ». Le mot « libre »  m'a étonné. Je ne sais pas si c'est celui que j'aurais utilisé pour cet homme. Personnellement, j'ai essayé de ne pas juger, juste d'être témoin d'une vie à des années-lumière de la mienne. Mais c'est vrai que je l'ai senti « en harmonie avec son environnement ».

 

En sortant de cette hutte, un esprit m'a interpellé : « Salut étranger, et toi, quelle est ton addiction ? »  

Ben, je vais y réfléchir...

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29 juin 2012 5 29 /06 /juin /2012 07:10

Avant notre départ, il y avait plein de choses dont on n'avait pas, ou pas assez parlé entre nous (par exemple, quoi faire si on s'arrête quelques semaines ou mois quelque part …). Mais on était d'accord pour ne pas aller au Cambodge. On craignait de ne pas supporter la misère annoncée, et de ne pas savoir l'expliquer aux enfants. Toutefois il y avait Angkor, qu'on nous vantait tant et tant : site classé par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité ! Oui, mais bon, Hué et la Baie d'Halong aussi, sans que personne ne s'inquiète autant de ne pas les avoir vus … Donc la question était en suspens, on interrogeait les voyageurs qui en revenaient … Et nous voilà à Siem Reap …

 

Est-ce vraiment le Cambodge ? Ou une annexe de l'Unesco, que chaque pays parraine, et dont profitent les cambodgiens ? Ce qui est vraiment stupéfiant, c'est d'être dans un pays parmi les plus pauvres du monde paraît-il (PIB 2000$ /habitant/an) et de payer en dollars : les prix dans les supérettes et sur le marché sont affichés en dollars, les distributeurs automatiques fournissent des dollars, on paie en dollars et on rend les centimes en riels, la banque ne voit pas du tout l'intérêt de nous changer notre argent en riels … Moi qui me bats depuis le début du voyage pour ne compter ni en euros, ni en dollars, je dois m'incliner. Mais quel piège ! 2,75 ou 3 $, c'est quasiment pareil pour nous, mais 8 800 riels et 12 000 riels, c'est différent : il y a des billets de 100 riels, soit 2 cents, pour les gens d'ici ; tous les prix deviennent donc négligeables, par rapport à nos milliers de dong (Vietnam) ou de kip (Laos), et nos dizaines de bath (Thaïlande). Bon, de toutes façons, on a décidé qu'on ne regardait plus les budgets d'aussi près pour cette fin de voyage, on prend prioritairement soin de nous …


  Angkor 047

l'arrivée à la guesthouse, après une journée de voyage un peu fatigante

 

On est arrivé ainsi, toujours grâce à notre guide (Lonely Planet) préféré, dans une guest house un peu chère, très confortable, très serviable, et surtout tenue par une famille extraordinaire.

Il faut dire en préalable que le Cambodge, comme ses voisins, n'a pas une histoire récente très drôle. Mais ici, politiquement, ce fut une pagaille très complexe aux conséquences très meurtrières, et qui a duré beaucoup plus longtemps : le calme n'est à peu près revenu que depuis moins de 20 ans. Ce qui me touche ici, c'est combien ces gens qui ont traversé tant d'épreuves sont de notre génération : Pol Pot et les Khmers Rouges, dans leur grande époque d'extermination de tout ce qui s'approchait de près ou de loin à un intellectuel, c'est 1975-1979. Les enfants de 9 ans, mon âge en 1975, partaient travailler dans les champs. Et ce qui est terrible ici, par rapport au Vietnam ou au Laos, c'est que les gens n'ont pas pu fuir à l'arrivée de ce régime : en moins de deux semaines, les Khmers Rouges ont vidé la capitale et les grandes villes, pour décréter « l'année zéro ». Et quand ça se termine, c'est l'occupation vietnamienne jusqu'en 1989 (la fin de mes études), période communiste dure : on peut apprendre le russe, mais pour le français et l'anglais, c'est seulement possible en cachette. Et on passe sur la famine et les mines anti-personnelles de cette période-là …

 

Notre guest-house donc est tenue par une famille de 5 sœurs et 1 frère. Ponheary, l'une des sœurs, est à l'origine d'une fondation pour aider les enfants à aller à l'école, elle est dans nos âges. Elle nous a raconté, Lise et Bastien présents aussi, son parcours. Et même si elle a dû pourtant l'évoquer 100 ou 1000 fois, on a entendu l'émotion dans les blancs de son discours.

Père intellectuel tué par les Khmers Rouges, une grande fratrie à nourrir, elle devient institutrice, par amour des enfants -elle avait pu faire suffisamment d'études avant les Khmers rouges-. Sous l'occupation vietnamienne, elle a droit à une bourse pour apprendre le russe, mais apprend aussi le français et l'anglais : je suis impressionnée de cette énergie pour anticiper la fin de la période d'interdiction, pour avoir confiance qu'il se passera quelque chose après, qu'on peut s'y préparer pour rebondir. Et c'est ce qui se passe : l'école française ouvre dès 1990, et l'embauche. Puis, si j'ai bien compris, elle revient dans l'enseignement public. Mais le métier d'instituteur ne lui permet pas de nourrir la famille, alors elle devient guide officiel du site d'Angkor (comme sa sœur qui sera notre guide), quittant avec regret les enfants. En parallèle, la famille a commencé, niveau par niveau, à construire la guest house.

Mais elle voit les enfants qui viennent mendier au bord des temples, elle explique à ses clients qu'il ne faut surtout rien donner ni acheter, car ils vont quitter l'école. Un touriste lui donne alors un jour 200$, dont elle se sert pour acheter à une poignée d'enfants uniforme et matériel pour l'année scolaire ; elle continue comme ça, avec les dollars donnés directement à elle par ses clients. Et elle profite du tuk-tuk qui les emmène sur les temples pour s'arrêter dans des écoles, car elle n'a pas l'argent pour payer elle-même le déplacement. Elle doit choisir les enfants les plus nécessiteux parmi « les pauvres, les très pauvres, les extrêmement pauvres ». Cela lui "brise le coeur", car elle sait bien les jalousies qui naîtront de son choix. Une américaine du Texas fait un jour partie d'un groupe qui s'arrête dans une école prendre les mesures pour les uniformes, elle ressort très impressionnée, et cherche à l'aider : quelques semaines plus tard, la fondation est créée au Texas, avec des bureaux à Siem Reap, dans la guest house familiale. Comme elle a sûrement un bon réseau de photographes, publicitaires, webmaster (et de donateurs), les documentations sont propres, pragmatiques, belles : du bon marketing bien ajusté… Et aujourd'hui c'est 2500 élèves qui profitent de cette action.

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Marina, l'une des 4 soeurs, qui fut notre guide une journée à Angkor

 

C'est un exemple d'initiative, il y en a plein dans ce pays, de l'artisanat à la restauration ; elles sont souvent basées sur un partenariat entre une action locale concrète et un étranger que les circonstances ont amené là ; parfois comme ici un marketing bien organisé, parfois un fonctionnement d'Ong plus ou moins discutable, sûrement un peu de charité aussi par endroits.

 

Attention, tout le pays n'est pas à cette image humaniste ;  pour prendre un exemple à notre échelle de touriste, le passage de la frontière à Poipet est très agaçant, avec une mafia thaïlando-cambodgienne très bien organisée pour plumer l'étranger. A un autre niveau, la corruption est reine : l'instituteur n'a pas un salaire suffisant pour vivre, donc ce sont les parents qui le complètent, quand ils peuvent, ce qui change du coup l'attention portée à l'enfant ou bien ses notes, tandis que le maître va aussi donner des cours privés en parallèle ; on a vu aussi, dans des temples plus éloignés, gérés moins rigoureusement, des policiers s'imposant pour commenter un bout de visite auprès de touristes non accompagnés (comme nous par exemple), et en retirer un pourboire conséquent. On a vu de la mendicité d'enfants ou d'adultes, qui était très certainement pour assurer l'essentiel ; on aurait aimé aussi pouvoir satisfaire tous les chauffeurs de tuk-tuk qui nous sollicitaient, sympathiquement et sans insistance, pour lesquels on devinait bien que chacun de nos quelques dollars aurait servi à nourrir sa famille au sens littéral du terme.

Bref, c'était trop difficile de négocier des prix dans cette ville, et entre ça et le fonctionnement en dollars, plus le fait que l'artisanat était vraiment très beau (et peut-être que la fin du voyage se profile?), on est reparti avec des valises chargées et pas mal de sous en moins !

De plus, on retrouve une nourriture goûteuse. On devait rester 4-5 jours, on est finalement resté le double. Ce qui nous a motivés à partir est juste de prendre le temps de voir autre chose du Cambodge ...

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Ces gens me frappent par leur envie de vivre, d'avancer, de construire ; c'est un abîme entre nos deux mondes, nous avons des histoires tellement différentes à âge égal. Mais leur sourire est tellement chaleureux, leur ouverture réelle : Siem Reap, patrimoine mondial d'humanité : si si, c'est vrai ...

 

PS : les cambodgiens sont d'influence culturelle indienne depuis toujours, et aussi ethnologiquement : ils ont la peau assez foncée, et aujourd'hui comme sur les fresques d'Angkor, ils n'ont pas les yeux bridés … autant pour moi qui pensait que tous les asiatiques avait « le type asiatique », comme tous les européens ont les cheveux blonds-blanc des suédois peut-être …

 

liens

guesthouse : www.sevencandlesguesthouse.com

la fondation de Ponheary : www.theplf.org

 

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