Après Siem Riep, on voulait voir un Cambodge un peu plus cambodgien. On n'était pas attiré par Phnom Penh, la capitale, qu'on imagine grande et bruyante ; on ne se sentait pas non plus l'énergie de repartir dans la campagne ou la montagne, faire des treks, rencontrer des minorités. Alors on a choisi la ville moyenne de Kompong Cham, sur les bords du Mékong, pas trop touristique, mais pas trop isolée.
Effectivement, plein de monde, plein de vie, … et beaucoup de regards étonnés sur nos allures d'occidentaux : les cheveux blonds de Lise (qui ont dû bien pousser ces derniers mois) ont fait des ravages !
cours
d'aérobic le soir sur les bords du fleuve
Un Mékong magnifique, 1 kilomètre de large au cœur de la ville, encore plus vaste un peu plus loin, avec des îles totalement recouvertes à l'automne paraît-il (on ne navigue quasiment plus dessus maintenant que les routes sont refaites, dommage).
le pont de Kompong Cham
"la plus belle vue du
Cambodge", une île sur le Mékong
Du coup, une très belle lumière sur la campagne alentour : les maisons en bois sur pilotis (contre la crue),
les belles vaches blanches aux longues pattes, hanches saillantes et hauts sabots, on croirait des mannequins de mode,
des familles qui nous saluent, presque tous ont leur « krama », ce foulard à carreaux coloré qui sert à tout, à se protéger du soleil, du frais ou de la poussière, de pagne pour les hommes, de sarong (pareo) pour les femmes, et qui, comme le keffieh palestinien, a pris une valeur identitaire.
krama sur la tête à gauche, en pagne à droite, sur le "bac" qui nous fait traverser un bras du fleuve
On aura vu la récolte du sésame : comme pour le riz, on pensera désormais à tout ce travail à chaque petit grain qui tombe sur la table ou qui reste en bord d'assiette.
Et puis l'hévéa, du produit brut à celui qui partira dans les usines de caoutchouc, probablement pour faire des pneus en Asie dont le parc automobile explose …
Ici (par rapport à Siem Reap), on paie davantage en riels, mais il y a encore ce jeu avec les deux monnaies, qui sont de bons exercices pédagogiques de calcul et de conversion (ça coûte 14 000 riels, je donne un billet de 5$, combien me rend-on, sachant que 1$=4000 riels ? Réponse : 1$ et 2000 riels ; et tout cela sans bien savoir reconnaître toujours les billets, dont les chiffres sont écrits en khmer, le 1 ressemblant à un 9 …).
Bref, c'était sympa, d'autant plus que notre guest-house était tenue par un français, qu'il y avait une console de jeux, un billard et des frites : le bonheur pour la jeune génération ! (Heureusement pour nous, il y avait aussi des curry au lait de coco et autres spécialités cambodgiennes. Et on s'est bien amusé avec eux au billard, que Michel leur a appris, et aux jeux vidéo, qu'ils nous ont appris - et ils nous ont trouvés, avec raison, très nuls.
Le seul problème est qu'on a eu très chaud, tant dehors que dans la chambre : pas facile pour bouger comme pour se reposer. C'est pour ça qu'on est reparti après quelques jours.
On a décidé en effet qu'on voyageait « soft » ce dernier mois, sans trop d'engagement. Ce n'est pas qu'on est blasé, mais quand-même, après avoir vu les marchés vietnamiens, les Vat de Luang Prabang, la Nam Ou et les montagnes du nord Laos, les plages de Thaïlande, les temples Angkor, le sourire des cambodgiens, c'est difficile maintenant de trouver mieux ! C'est comme après un bon repas, quand on préfère rester sur une saveur et ne pas rajouter une autre qui la gâcherait …
Et puis la saison est assez difficile, c'est la saison dite des pluies, où, soit il pleut, soit il fait très chaud, soit les deux à la fois. Les averses sont spectaculaires d'intensité, on sèche très vite ensuite, mais pour faire de la moto, ce n'est pas toujours très drôle sur les chemins boueux ; et motiver les enfants à pédaler sous le soleil brûlant alors qu'il y a Tom et Jerry à la télé, sur CN ou TV5-Monde, cela devient mission impossible !
il pleut ... ... il fait bientôt beau
Et oui, on a lâché aussi là-dessus : on a toujours cherché des hébergements avec internet, mais aujourd'hui, si en plus il y a la télé, c'est bien. De plus, l'école devient vraiment épisodique, ça laisse du temps. Alors je révise mes Tom et Jerry, je découvre Oggy et les Cafards (eh oui, on n'a pas la télé en temps normal …). On tombe parfois sur les infos françaises, je les trouve toujours aussi affligeantes, par leur manque de contenu et leur message sous-jacent alimentant la peur. Je crois que c'est cela qui sera le plus dur pour moi dans le retour en France : retrouver une société très coincée, très timorée, très procédurière : on a vu tellement, tellement de jeunesse, surtout au Vietnam et au Cambodge, et tellement de dynamisme, d'enthousiasme, de pragmatisme …
On ne se bagarre plus non plus autant pour manger local : si la guest-house fait à manger, tant mieux, en général, il y aura un assortiment de « western food » et de plats locaux (du coup, ils n'ont jamais mangé autant de frites dans toute leur vie que ces dernières semaines !).
Et si ça parle français dans la guest-house, on voit bien que les enfants sont contents, même si pour nous c'est moins dépaysant …
On est donc en roue libre jusqu'à notre départ légèrement anticipé, le 18 juillet à partir d'Hanoï. En fait, si on avait été des voyageurs plus aguerris, on aurait cherché pour cette dernière période un endroit dont la nouveauté nous aurait motivés au-delà de la chaleur, de la fatigue, de notre curiosité déjà bien émoussée … Mais on aura du coup du temps en plus à la maison, pour laisser « infuser » ce voyage, plutôt que d'en faire une indigestion (je suis dans les métaphores culinaires, on dirait).
Et peut-être qu'aujourd'hui, après tous ces beaux sites dAsie, on a aussi envie de voir Versailles, le Mont St Michel, Carcassonne, les grottes de Choranche ...
une image classique du Cambodge : si, si, c'est quasiment elle qui fait la couverture du 'guide du routard' !