On est arrivé un peu plus tôt que prévu à Dien Bien, après une étape manquée à Muang Lay, la ville sous les eaux reconstruite en deux quartiers étirés le long des berges (pont en travaux).
Retour en ville, dans la plaine et la chaleur, un peu nostalgique de la vallée magique de Sin Ho, un peu fatigués de notre mésaventure à Muang Lay (cf article de Lise), mais le soleil couchant
sans faiblir sur les collines de Dien Bien Phu, c'était une belle arrivée …
On visitera les lieux historiques (Bastien est passionné par la guerre, quel cliché …), côté français et côté vietminh, notamment le bunker du Général Giap à une trentaine de kilomètres dans la
campagne, magnifique balade à motobike.
la colline A1 de DBP
la campagne autour du bunker du Général Giap
Pour la parenthèse pédagogique, le siège de DBP dura 57 jours en 1954, il fut très meurtrier des deux côtés ; l'armée française (dont 1/3 de vietnamiens de souche paraît-il, les harkis de
cette guerre **) s'est fait piéger dans cette plaine de 18km sur 6 par la détermination des Vietminh à installer des canons sur les collines alentours, ce qui avait été jugé impossible par
l'Etat-major et a relevé effectivement d'un tour de force incroyable. Ce lieu avait été choisi car il correspondait à un des seuls passage du nord-Vietnam vers le Laos, que les Français voulait
préserver des Vietminh.
Ce fut la dernière bataille des français en Indochine, elle signera leur capitulation, et plus largement la fin de leur politique coloniale.
Le Général Giap en fut le grand vainqueur, libérateur du pays, par deux fois d'ailleurs puisqu'il a aussi conduit la bataille de Saïgon, qui marqua la fin de la guerre avec les américains cette
fois. Je me suis du coup interrogée : où est son mausolée ? Il le mériterait bien autant qu'Ho Chi Minh, qui, je le comprends maintenant, est davantage le réunificateur que le
libérateur. Petite recherche rapide sur Internet : il est toujours vivant, centenaire l'an dernier ! Exclu quelques temps des instances dirigeantes dans les années 80, il
« continue aujourd'hui à donner son avis sur la politique du pays », formule sibylline où je crois comprendre qu'il n'a pas été /n'est pas toujours politiquement correct. Voilà, au cas
où vous entendriez parler prochainement du décès d'un grand général vietnamien, admirateur de Lawrence d'Arabie, tendez l'oreille, c'est aussi un bout d'histoire française … Fin de parenthèse
pédagogique (les détails et précisions sont sur Internet).
Dien Bien la ville en soi n'a rien
d'extraordinaire ; ah si, on a retrouvé ces femmes de Sin Ho avec leur longue jupe noire en velours, leur chignon en forme de petit bonnet breton d'une dizaine de centimètres sur le haut de
la tête : quand elles mettent leur casque de motobike (obligatoire) en équilibre sur cet édifice, c'est très décoratif !!
de dos, le petit chignon, qu'on peut recouvrir d'un petit voile triangulaire, ou d'un chapeau conique, lui aussi en équilibre
On s'attendait à une ville frontière, pleine d'agences, de routards allant et venant du Laos, comme ce qu'on avait vu à Chau Doc dans le Mekong à la frontière cambodgienne, avec peut-être des
guest-house sympas où s'échanger des infos, des restau 'western style' à la mode de Sapa et préparer ainsi quelques jours notre entrée au Laos,.
Au lieu de cela, des auberges de passage concentrées autour de la gare routière, des gens harassés et peu aimables, qui font payer la chambre d'avance (ça ne nous était jamais arrivé), sont
étonnés qu'on reste une deuxième nuit, veulent nous faire payer plus cher la troisième (!), et au bout du compte nous virent sans ménagement pour la quatrième : on arrive dans le WE du 30/04
(libération de Saïgon) et du 1er Mai, les prix flamblent, on se relogera pour 2 fois plus cher sans clim et sans TV5 monde (avec les dessins animés en français, ce n'est pas chic pour les enfants
-et leurs parents, qui, ajoute Michel, profitent en plus d'un bol d'air français ...). On est un peu triste que notre seul contact désagréable avec les commerçants vietnamiens marque la fin de
notre voyage dans ce pays, « le tourisme pervertit l'humain », lâche Michel, désabusé …
On part donc vers le Laos, l'idée nous en est venue après notre choix d'aller au Vietnam (c'est pourquoi notre avion de retour est à Hanoï), attirés par l'image tranquille qui nous a été donnée
par différentes rencontres. L'objectif est de rejoindre Vientiane assez rapidement, pour pouvoir trouver là-bas un hébergement plus stable, à priori pour deux mois. Autre forme de voyage par
immersion dans une réalité différente, avec la possibilité de se créer des repères et un quotidien, ce projet est âprement défendu par Michel (plus casanier qu'il n'y paraît ?) depuis le
début de nos discussions sur ce voyage, très soutenu par Lise qui rêve de faire la cuisine, accepté par moi au nom d'une expérience nouvelle et par la perspective de pouvoir enfin voyager léger,
en étoile, et pour Bastien, on ne sait pas, bien sûr, mais le sait-il seulement lui-même …
Alors on aura peut-être moins de choses à vous raconter ? Ou moins souvent ? A voir …
Concrètement, on espère aussi pouvoir trouver un nouveau chargeur pour notre ordinateur (que j'ai pour l'instant réparé avec une pince à linge, j'en étais aussi épatée que Michel), se
réapprovisionner en préventif palu (ils sont terribles ces moustiques, on ne les voit pas, on ne les entend pas, et on est piqué -surtout moi-.. toute la stratégie de Dien Bien Phu !).
Et puis il faudra faire passer aux enfants les évaluations nationales CE1 et CM2, pour situer où ils en sont. En effet, après réunion entre parents d'élèves (moi) et professeurs (Michel), on a
fait le bilan que l'école se faisait moins souvent et moins longtemps, donc on accumule peut-être du retard dans les savoirs académiques ... En même temps, on pourra continuer en juillet si
nécessaire, et surtout, dans certaines disciplines, ça va plutôt bien : Bastien connaît très bien la géographie du Vietnam, se débrouille avec les grands chiffres grâce à nos milliers et
millions de dongs, s'entraîne aux soustractions lors des paiements ; on développe aussi le calcul mental par le jeu du 8 américain, dont on a adapté les valeurs des cartes, l'expression
écrite par les articles de blog, la lecture par pénurie : Lise devant se rabattre sur Maupassant (merci Pascale), et Bastien sur les livres de Lise ; ils deviennent aussi des as en
bureautique, sont bien entraînés en activités physiques (marche sportive avec obstacles, urbaine ou rurale), et enfin bien sûr, ils apprennent un peu d'anglais et quelques mots de
vietnamien, mais surtout les différences entre les langues, les limites d'une traduction littérale, comment on peut/on doit formuler autrement les choses, etc … Et tout ce que les enfants
peuvent apprendre dans une situation sans qu'on le voit immédiatement ...
Lise :
j'ai aimé monter les escaliers en courant jusqu'au grand monument ; et j'ai découvert un système de toilettes publiques vraiment publiques : des toilettes à la turque collectives …
Bastien : j'ai aimé le coucher de soleil dans l'axe de la rue principale.
Michel : même dans un WE de commémoration, on n'est pas gêné en tant que français de visiter les souvenirs de guerre (mais tout est en vietnamien, sauf le monument dressé
par les français en 1994).
le grand monument de DBP
(**) Rectificatif : dans ces '"vietnamiens de souche" comme je l'ai écrit, un peu abusée par mon guide LP préféré, il y avait en fait beaucoup de ces ethnies minoritaires dont on vous a déjà parlé, et notamment des H'Mongs, et en particulier des H'Mongs du Laos. Ces derniers ont été "conviés" pr les Français d'abord, par les Américains ensuite, à consituer une armée supplétive pour résister aux communistes nord-vietnamiens. Au Laos, leur situation est ensuite devenue dramatique : considérés comme traîtres (étant auparavant déjà considérés comme immigrés, puisqu'ils sont venus de Chine au siècle précédent), certains ont réussi à fuir et constituent une diaspora mondiale assez importante (USA, Guyane, Australie etc ...), d'autres se sont réfugiés dans les forêts et la misère ... et y sont toujours depuis 30 ans ! Certains avaient réussi à se réfugier en Thailande, mais ils ont été expulsés en 2009.
Sur ce sujet grave et méconnu, et actuel encore, je vous renvoie à l'article de Wikipédia 'H'Mongs', qui donne les liens notamment avec une émission 'Envoyé Spécial' de 2005 -pas pour les enfants-, et avec le dossier de la seule Ong qui a pu être présente dans le camp thaïlandais.
