Embarqué par Michel dans ce projet de voyager 6 mois en famille, j'ai d'abord cru que ça ne pourrait pas se faire (il n'aurait pas son congé), puis j'ai discuté l'idée initiale (l'Europe en
camping-car), enfin je me suis laissée emporter par l'originalité de cette expérience probablement unique dans notre vie familiale.
Par ailleurs, le pays choisi en définitive apparaissait rassurant, accueillant, facile à voyager (on mange et on dort facilement, de ce qu'on pouvait lire et entendre).
Donc la préparation fut assez gaie, sans trop de stress quant à notre quotidien là-bas … jusqu'à la veille du départ, 22h, en train de boucler le sac, le coup de panique, les reins qui se serrent
(tchou …) : « mais qu'allions-nous faire dans cette galère ? » ... 6 mois à vivre avec ce petit contenu tout tassé (11kg sac compris) … pourquoi donc perdre son confort, ses
habitudes, ses amis ? Au nom de quoi, de qui ? Pour chercher quoi ?
Ces pensées m'ont accompagnée toute la journée du départ (un peu tendu), pendant le voyage (sans histoires), à l'arrivée (très tranquille). Puis dans le taxi, au milieu du flot de scooters, dans
cette circulation comme un ballet où tous se frôlent et se klaxonnent, je me suis dis que c'était peut-être déjà pour ça qu'on voyageait : casser nos représentations du monde, nos
conceptions, nos modèles, découvrir d'autres façons de prendre les choses ...
Petit exemple au passage sur la représentation de la sécurité : tous sur leur scooter ont des masques anti-pollution (coquettement assortis à leur casque ou à leur tenue), mais ils roulent
à 3 ou 4 sur la même bécane, et les petits enfants ne sont ni attachés ni casqués, là où nous aurions des réglementations, des sièges homologués, des sécurités superposées.
C'est parfois frustrant de ne pas pouvoir comprendre ce qui se trame, ce qui se passe, les raisons de ceci ou cela ; tant pis, juste regarder, comprendre plus tard, ou pas du tout ;
nous sommes de passage, nous ne sommes qu'étrangers … comme dans la vie ?
J'espère que dans 6 mois, je saurais pourquoi j'ai voyagé/je voyage …
lucie
PS : une question quand-même : quand le petit vélo dans la tête se met en route la nuit, au gré du décalage horaire non encore absorbé, que les questions et la panique gagnent, quand je
me demande pourquoi je ne sais pas faire les choses par étapes (commencer à voyager par 15jours en Espagne, plutôt que 6 mois en Asie), vous me donneriez quoi comme bonne raison d'être là
(et pour si longtemps)?? Je suis bien contente de vous faire rêver à distance, je sais que je vais (et qu'on va) s'adapter, mais là, c'est moi qui y suis jusqu'au cou !! Alors je prends
toutes les bonnes raisons de voyager, je ne les ai jamais trouvées sur les blogs de voyageurs en famille ...